Le 6 juillet 2015, le conseil municipal a adopté le contrat de Ville. Le groupe UDI explique sa position:
La politique de la ville n’est vraiment pas un sujet facile à traiter. Quand on entend le front national et sa motion, on comprend qu’il est tout à fait possible de passer complétement à côté du sujet, en méconnaissant la complexité de la situation des quartiers et des outils à disposition.
La politique de la Ville a eu de grandes réussites, dont Rouen a bénéficié, et notamment en termes de rénovation urbaine. Les reprises des bâtis laissés dans un état lamentable, de certains espaces publics, était absolument nécessaires et a contribué à améliorer la qualité de vie des habitants. Le désenclavement des quartiers par le réseau de transport en commun est une réalité en marche, qu’il nous faut saluer.
Mais on apprend de ses erreurs, et les modalités de mise en œuvre de la politique de la Ville font débat.
Par essence, il s’agit d’une politique transversale. Comme toute politique transversale, elle comporte le risque de sa propre dilution. Pour ces raisons, les dispositifs ont été géographiquement resserrés. On peut s’en réjouir, et on a vu à l’échelle de notre agglomération qu’il permettait de lever quelques ambiguïtés et de concentrer les actions sur les zones les plus en besoin, et non les plus favorables au intérêt du maître de la Métropole, même si des appellations de type « territoire de veille » ont permis de sauver quelques pré-carrés.
Parlons aussi de ce qui ne va pas :
- L’approche communautariste de l’affectation des logements est tue, alors qu’elle est bien réelle dans notre Métropole, et problématique.
- L’approche par les équipements est intéressante, mais quand on sait que la Métropole préfère le Palais a la piscine demandée par M. Beregovoy
Mais surtout, on peut regretter des insuffisances dans la manière dont le projet a été travaillé par la Métropole :
- La lecture est fastidieuse, je serai curieux de savoir combien nous sommes autour de cette assemblée à l’avoir épluché, et elle est fastidieuse non tant en raison du volume qu’en raison de la forme, qui prend souvent le pas sur le fond. Concertation, pilotage, schématisation, poncifs théoriques recopiant les manuels de sociologie de la ville … ont certainement leur utilité pour les techniciens mais ne remplacent pas le travail de fond sur les objectifs politiques.
- L’association des habitants est une bonne chose. En parler, c’est bien, le faire, c’est mieux. Espérons qu’elle aille au-delà de la traditionnelle récupération politique et du traditionnel contrôle des voix souvent imposé au sein de ces quartiers.
- La concertation quant à la mise en œuvre, justement, est déroutante. Encore une fois, on présente un conseil un document important dont le débat a lieu le jour du vote, alors que la messe est déjà dite à la Métropole, sans que les conseillers métropolitains n’est d’ailleurs été plus que ça mobilisé sur un enjeu qu’ils ne jugent pas tous prioritaires puisque peu sont concernés.
- Curieusement, nous nous focalisons autour de ce document sur la sédentarisation des habitants sur leurs quartiers. Oui, il y a de multiples raisons d’aimer son quartier et d’y rester, même dans les quartiers prioritaires de la politique de la Ville.
- Mais le point de faiblesse, c’est indéniablement l’emploi et l’animation de l’espace public.
- Finalement, la meilleure politique sociale, c’est celle qui permet le retour à l’emploi des publics, et pas vers l’emploi public virtualisant qui fait les remontées de courbes du chômage d’avant les élections. Et la clairement, les idées et les moyens n’y sont pas. Il faut inventer une nouvelle méthode, impliqué les employeurs, faire venir de l’activité plutôt que de la chasser comme le fait aujourd’hui la Maire avec Otrechoze. Pour ça, il faut que la Métropole déploie son intelligence économique, pas simplement l’accompagnement social clientéliste traditionnel. L’économie sociale et solidaire est une très bonne piste de travail, mais nous ne devons pas nous limiter à ça.
- La tranquillité publique : quand on voit la situation sur les hauts ! Il faut de la présence, ne jouons pas les bisounours : des îlotiers, et aussi des forces de police rendues plus réactives au moyen des caméras. Et la sensibilisation du parquet.
Quant aux contributions des acteurs, et notamment la Région Haute Normandie, il faut noter qu’elle n’est vraiment pas à hauteur de l’enjeu, et qu’elle manque totalement les enjeux Formation et Développement économique, pour lesquels la Région est pourtant chef de file.
Finalement, on a peut-être besoin de moins d’argent que lorsqu’il fallait refaire l’espace public et le bâti. Mais on a besoin de plus d’idées. De plus de remise en cause des schémas traditionnels.
Le contrat de ville engage pour la durée du mandat de M. le Maire. Nous le voterons sans enthousiasme, car nous devons mieux aux habitants concernés et également au contribuable pour la solidarité déployée à l’endroit de ces quartiers.