J’ai défendu au conseil municipal une motion pour que les affaires de la Métropole ne soient plus réglées en cachette des habitants et de leurs représentants. Motion rejetée par le système socialiste que cette absence de débat semble bien arranger.
Chacun d’entre nous sent bien aujourd’hui que nos concitoyens sont devenus suspicieux quant à l’action politique. Nous avons tous entendu, à l’occasion des dernières élections, tant des expressions de colère que des expressions de désintérêt à l’endroit de ceux qui ont mandat de déterminer et de mettre en œuvre les solutions qui satisferont l’intérêt général.
Cette colère et ce désintérêt, qui semblent progresser de scrutin en scrutin, font le lit de l’abstention et du vote aux extrêmes. Et quand la mobilisation du citoyen diminue et que la démagogie progresse, c’est l’ensemble de l’édifice démocratique qui est fragilisé, au risque de rendre inopérante la capacité de notre peuple à déterminer les solutions à ces difficultés et à inventer son avenir.
Nos concitoyens nous réclament plus de responsabilités dans la conduite de l’action publique. Ils sont lassés des postures, ils n’ont que faire des vieilles rengaines dictées par l’idéologie, et nous accusent de ne pas nous préoccuper suffisamment de leurs attentes concrètes et légitimes.
En un mot, ils nous demandent de travailler ensemble. Bien sûr, tous comprennent que nous ayons des points de désaccords sur les actions à mener et les priorités à retenir. C’est le rôle du suffrage universel que de nous départager. Mais ils nous demandent de faire preuve d’intelligence et de modestie.
Ce qui est vrai au plan national l’est aussi au plan municipal. A Rouen, notre méthode de travail est très manifestement dépassée. Si nous prenons un peu de recul, nous constaterons qu’en dehors du temps des motions, notre conseil municipal traite quasi exclusivement de délibérations à caractère technique. Les débats de fond sur les sujets qui concernent notre commune sont rares. Pire, les sujets sont traités entre soi, en cachette. Les propositions arrivent bouclées, les conseillers municipaux, ceux de la majorité comme ceux de l’opposition, ne sont en réalité jamais contributeurs. L’information est donnée aux élus par voie de presse. La démocratie participative, qui était pourtant prônée par chacun des candidats à l’élection municipale, reste globalement une vue de l’esprit, une pétition de principe, en dehors de quelques sujets.
La stérilisation du travail municipal est par ailleurs accentuée par les dysfonctionnements de la Métropole. Les interfaces entre la ville-centre et la Métropole fonctionnent mal. La qualité du débat à la Métropole est particulièrement déplorable. Le lien avec le citoyen est tout à fait distendu, ce qui expose les élus locaux, malgré leur bonne volonté et leur implication, au discrédit et au rejet.
Nous devons tous comprendre qu’il sera impossible de réconcilier nos concitoyens et l’action publique sans retrouver le chemin du travail en commun et du débat assumé.
Par cette présente motion, le conseil municipal demande à M. le Maire de proposer le cadre d’un débat régulier et d’une concertation sur les sujets essentiels de notre Ville et de notre Métropole, en amont des prises de décisions, afin de permettre à chacun des élus municipaux de la majorité comme de l’opposition de travailler dans l’esprit de responsabilité et de coconstruction souhaité par nos concitoyens.