La Métropole de Rouen a récemment voté son budget 2016, qui atteint 500 millions d’euros.
Tout d’abord, il convient de noter que la Métropole est certainement la seule couche du millefeuille territorial qui bénéficie encore d’une certaine aisance financière. Une fois payé les dépenses de fonctionnement (en forte croissance), le budget prévoit qu’il restera 42 millions d’euros pour autofinancer l’investissement ou se désendetter, contre 39 millions l’année passée.
Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant, puisque les transferts de charges inhérents à sa création se sont fait aux détriments des communes. Par exemple, et comme nous l’avons déjà dénoncé, il a été décidé que les Rouennais allaient très durablement payer pour les charges de centralité (voirie, grands équipements) alors que ces charges devraient en fait relever de l’intercommunalité… Difficile donc de savoir s’il faut se réjouir d’avoir une Métropole qui conserve des moyens d’actions, ou se désoler que les communes soient étranglées et ne disposent plus d’aucune marge de manœuvre pour mettre en œuvre leurs politiques.
Mais le plus inquiétant, c’est l’usage qui est fait de cette aisance financière. Parmi les « grands investissements » prévus en 2016, on trouve certes le début du financement du fameux projet « cœur de métropole », pour 3,7 millions d’euros, qui vise à améliorer l’attractivité du centre de l’agglomération mais qui est pour l’instant tenu parfaitement secret. L’éco-quartier Flaubert, qui laisse interrogatif sur son déploiement effectif, mobilisera 9,8 millions d’euros. Le vrai scandale est pudiquement caché sous l’intitulé « regroupement des services » : il s’agit du début du financement du Palais de la Métropole, l’inutile et dispendieux projet de MM. Yvon Robert et Fréderic Sanchez, qui pèsera 18 millions en 2016 (montant final annoncé « minimum » : 30 millions).
Au-delà de ces projets pour certains mal ficelés, pour d’autres carrément absurdes, la Métropole prévoit de venir au secours des communes qu’elle a asséché, au moyen de subventions dont les critères sont des plus opaques, et qui semblent surtout profiter à quelques communes très en rapport avec l’exécutif métropolitain.
Au final, 84 millions d’euros d’emprunts supplémentaires seront requis, et, compte-tenu des remboursements, le niveau d’endettement de la Métropole passera de 357 millions d’euros à 387 millions d’euros environ au cours de l’année 2016.
En résumé, la Métropole, moins mise à contribution que les autres collectivités et ayant asséché les communes, se trouve en position de force pour investir sur le territoire. Cette dernière en profite pour s’endetter, mais malheureusement pour soutenir des dépenses sans retour pour les habitants (comme le Palais) et sans souci d’une juste répartition des concours entre les communes. Gageons que si le débat démocratique était mieux respecté, moins d’erreurs seraient commises.