Ce soir, lors du conseil municipal, le Front national a présenté une motion condamnant les violences à l’encontre des policiers commises lors des manifestations anti loi El Khomri. J’ai pris la parole au nom de l’UDI, pour lui répondre.
« Voici donc le front national nous présentant une motion condamnant les violences contre les forces de l’ordre intervenues lors des manifestations d’opposition à la loi El Khomri, au point de citer Voltaire. On ne cesse d’être surpris.
Bien évidemment, toute violence est condamnable lors de manifestations et ailleurs, et doit être condamnée.
La place que comportent les manifestations dans notre pays est souvent l’incarnation de la fébrilité et de la passion qui caractérise notre nation. Parfois nos dirigeants pourtant légitiment désignés par l’ensemble de nos concitoyens semblent confondre la voix des manifestants et la voix du peuple souverain. Mais il est évidemment hors de question au sein de la République de tolérer la moindre violence perturbant le dialogue démocratique. Le droit à manifester dans le calme doit être respecté.
A ce titre, les actes délinquants commis par parasites de manifestation, dénoncés par les manifestants eux-mêmes, doivent être fermement dénoncés. Et rien dans le climat social et politique qui est le nôtre aujourd’hui ne justifie des faits de dégradation ou de violence. Les casseurs n’ont pas d’excuse. De même ceux qui viennent pour en découdre même au nom d’idéaux et même s’ils croient parfois sincèrement à ces idéaux.
Toutefois, à la lecture de la motion du front national, nous ne pouvons que souligner à quel point nous ne sommes pas dupes.
Nous ne sommes pas dupes des leçons données par votre parti, qui ne cesse d’invectiver, qui désigne des boucs émissaires aux maux des Français, qui répand au travers de ses militants des propos parfaitement détestables sur les réseaux sociaux. Regardez, M. Pénelle, la violence de certains de vos militants et sympathisants lorsque ce sont eux qui sont pris en flagrant délit de trouble à l’ordre public. Regardez, M. Pénelle, la violence même de Marine Le Pen dans ses allocutions publiques, et qui voudrait maintenant nous faire croire qu’elle est apaisée alors qu’elle mettrait le pays à feu et à sang. Lisez, M. Pénelle, la poésie très contondante de vos soutiens sur les réseaux sociaux. Et nous ne vous faisons pas plus confiance dans votre souhait de faire respecter les libertés publiques. Madame le Pen elle-même prétend interdire les manifestations de soutien aux clandestins.
Non, votre motion qui condamne la violence ne fait pas illusion : par vos propos irresponsables, votre parti est un des éléments moteurs de la tension sociale en France, que vous semblez vouloir amener à une situation de guerre civile, espérant en faire le tremplin de votre ascension.
Nous ne sommes pas dupes non plus de l’artifice qui vous permet de contourner le débat économique dans lequel vous êtes – et à raison – si mal à l’aise. Vous indiquez être contre la loi, mais vous ne voulez pas nous en dire plus.
Pourtant, M. Pénelle, si on veut sortir des passions, il faut traiter du fond ! Bien sûr, c’est plus difficile. Je vais vous donner mon sentiment sur la loi El Khomri : une loi qui a l’illusion de son ambition. Une loi qui fera peut-être plus de mal que de bien si elle laisse croire qu’elle est une réponse suffisante à la question du chômage, qui à la différence de la finance ou de l’immigration est le véritable ennemi. Si seulement nous osions appliquer les méthodes pragmatiques qui partout ailleurs font leurs preuves et permettent, notamment en Europe, le recul réel du chômage, alors que nous ne connaissons en France qu’une hausse discontinue mal dissimulée par un inutile et pléthorique recours à l’emploi public.
Or, sur le fond, osons expliquez aux Français l’absurdité et le terrible danger que représente votre programme économique, plus mélanchoniste que Mélenchon lui-même !
Expliquons ce qu’il adviendra quand vous aurez quitté l’euro, que vous aurez fait défaut au remboursement de la dette publique et que nous serons gangrenés par l’inflation qui découragera tout investissement.
Expliquons ce qu’il adviendra quand vous aurez augmenté démagogiquement les salaires de 200 € par mois, sans lien avec notre capacité à produire, et que les Français confrontés à un chômage encore plus terriblement massif se rendront compte qu’ils ont été payés en monnaie de singe.
Expliquons ce qu’il adviendra quand vous aurez fermé les frontières aux importations en imposant votre taxe unilatérale, que les représailles des pays vis-à-vis de qui vous aurez trahi les accords commerciaux ruineront nos entreprises qui ne pourront plus exporter, provoquant l’appauvrissement durable de notre pays.
Expliquons comment vous concilierez la très démagogique retraite à 60 ans et la tout aussi illusoire fermeture de nos frontières à une immigration dont vous avez grand tort de dire qu’elle est la cause de nos difficultés économiques.
Expliquons tout cela. Nous comprendrons alors que votre motion sur la violence des manifestants, c’est une motion pour cacher la bêtise de votre programme économique, c’est une tentative maladroite de déborder l’extrême gauche en professant finalement les mêmes âneries et en pire.
Nous ne serons pas les soutiens de votre motion alibi. Nous votons contre votre motion, bien évidemment. »