Le projet d’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union Européenne est donc à ce stade bloqué par le parlement régional de Wallonie, en Belgique. Ce dernier empêche l’ensemble de l’Union de valider l’accord.
On peut tout d’abord constater qu’une nouvelle fois il est quasiment impossible de discuter de manière rationnelle d’économie. Le contenu de l’accord, négocié entre 2009 et 2014, est connu depuis plus de deux ans. Il vise à mieux intégrer les zones commerciales du Canada (soit un marché de 35 millions d’habitants) et l’Union Européenne. Logiquement, il aboutit à des concessions pour rapprocher les deux systèmes commerciaux, ce qui implique des évolutions de part et d’autre de l’Atlantique. On peut cependant noter que le CETA ne comporte pas certains points problématiques du TAFTA (avec les USA). D’éminents économistes ont évalué que l’accord devrait permettre de rapporter plus de 10 milliards d’euros par an à l’Union européenne. Les principaux opposants en France sont logiquement l’extrême-droite et l’extrême gauche, qui prônent le repli sur soi en oubliant de nous expliquer à qui nous pourrons vendre demain nos produits et à qui nous achèterons au meilleur prix si nous fermons nos frontières commerciales. Alors bien sûr, s’opposer au CETA, c’est prendre la facile posture d’Astérix résistant aux Romains. Mais est-ce bien raisonnable, dans le contexte actuel, de se priver d’une relation commerciale qui accroît la richesse des deux parties ? et qui renforce l’influence de l’Europe et du Canada en termes de commerce international ?
Mais surtout, le blocage wallon rappelle la quasi mort-clinique de l’Europe. Le parlement d’une région de 3,5 millions d’habitants bloque un accord impliquant 500 millions d’habitants sur le continent, soutenu par l’ensemble des Etats. Difficile d’y voir une preuve de démocratie. Le problème vient des Etats nations, la France et l’Allemagne ayant exigé que le CETA soit un accord mixte, c’est-à-dire validé par les Etats nations (et donc dans certains cas les parlements régionaux). Or, le marché unique européen étant une réalité, il aurait paru beaucoup plus raisonnable de laisser à l’Europe le soin de négocier nos intérêts, sous le contrôle d’un parlement européen démocratiquement élu et représentatif. Une nouvelle fois, il est démontré les limites de l’Europe des nations, et le manque criant d’une plus grande intégration des politiques stratégiques qui concernent l’ensemble du continent.
Souhaitons que la question du CETA pourra rapidement être rapidement traitée en des termes plus démocratiques, et surtout que ce nouveau signal d’alarme nous permettra de réfléchir enfin aux conditions d’une Europe aux services de ces habitants.