Les Américains ont choisi Donald Trump, démocratiquement, et nous devons respecter ce choix qui leur appartient pleinement. Bien sûr, il y a des inquiétudes légitimes partout dans le monde, compte-tenu des phrases à l’emporte-pièce de la campagne, des propos menaçants et souvent inconsidérés du candidat. Nous allons devoir faire confiance au système démocratique américain.
Mais cette élection aura également des conséquences. Le monde devient plus incertain ce matin. Donald Trump aux USA, Vladimir Poutine en Russie, le Brexit… sont autant de figures d’un populisme contemporain qui préparent des turbulences importantes pour l’Occident et plus généralement le monde entier. Pour l’Europe, de grands défis s’annoncent. En particulier, il est impératif de renforcer la cohérence et la cohésion de notre défense, car nous ne pourrons compter que sur nous même pour faire valoir nos intérêts. De la même manière, l’accord sur le climat arraché à Paris est sérieusement mis en cause.
Et puis, l’élection de M. Trump nous fait prendre la pleine mesure justement de la puissance du populisme dans nos systèmes démocratiques, y compris bien sûr en France. Bien au-delà des primaires des 20 et 27 novembre, nous pouvons réellement redouter les progrès des partis extrêmes, au point qu’il soit possible qu’en France, nous ayons à la fin du premier semestre 2017 une majorité populiste qui conduirait notre pays à un véritable chaos, à un fort regain des tensions internes à la société française, à des conséquences économiques désastreuses.
Il est de coutume pour ces populistes de tancer ce qu’ils appellent la bien-pensance des bobos pour revendiquer l’adhésion des citoyens. Certes, toute personne qui a exercé le pouvoir doit rendre des comptes sur ce qu’il en a fait, et il y a toujours des erreurs, toujours des échecs. Bien sûr, il y a aujourd’hui des gagnants et des perdants de la mondialisation, et ce point doit absolument être corrigé. Mais ces attaques ne font pas un programme la bien-pensance ne doit pas laisser place à la rien-pensance, et nous devons plus que jamais nous mobiliser pour faire valoir nos convictions fortes, pour que la France et l’Europe puissent continuer à être les constructions politiques d’un développement harmonieux, qui visent la sécurité et le progrès pour chacun des citoyens. Il nous faut réparer d’urgence et dessiner un horizon. Comme le disait Sénèque, il n’est pas de vent favorable que pour celui qui ne sait pas où il va.