La Métropole envisage la construction d’une quatrième ligne de transport en site propre. Sur Rouen rive-droite, cette ligne est supposée emprunter le boulevard des Belges, puis le boulevard de la Marne et le boulevard de l’Yser, après le passage du pont Guillaume le Conquérant, et remonter jusqu’au Boulingrin.
Le tracé, décidé sans concertation véritable par la Métropole, est largement contestable : il doublonne en grande partie le Métro, vise à desservir Rive Gauche des quartiers qui ne sont pour la plupart pas encore sortis de terre. Sa fréquentation sera certainement décevante. Il risque de provoquer des embouteillages monstres sur les boulevards rive droite, surtout tant que le contournement de Rouen n’est pas réalisé et que la circulation régionale continue à traverser la Ville. Les commerçants craignent pour l’accès au centre-ville, déjà fragilisé par la concurrence des grandes surfaces en périphérie, un problème que néglige complètement la Métropole. Le projet supprime en effet plus de 300 places de stationnement ! Les habitants de Mont-Saint-Aignan, Bois-Guillaume, Bihorel… risquent également de faire face à un mur lorsqu’ils chercheront à descendre vers la Seine.
Bien sûr, nous savons que la Ville de demain ne peut pas être celle du tout voiture. Mais les choses doivent se faire intelligemment, sans passage en force, et en ne sacrifiant pas une véritable politique d’accès au centre-ville, gage d’une attractivité qui reste à reconquérir. Et puis, il faut mettre en cohérence la politique de la Métropole : on ne peut pas à très grand frais ouvrir une voie en site propre sur la partie Ouest des boulevards, tout en supprimant le T1 sur la partie Est, entre Boulingrin et le CHU, ce qu’a pourtant fait la Métropole sans s’inquiéter des conséquences pour les habitants.
Or, on a récemment appris que le chantier de la T4 allait rencontrer de grandes difficultés du fait de l’existence sous les boulevards rive-droite de cavités profondes qui mettent en péril la stabilité des voies et des réseaux. Il n’y a pas lieu de se réjouir de ce contretemps, qui générera des surcoûts assurément très importants sur un projet déjà très coûteux et visiblement mal évalué. Mais, le temps laissé à l’évaluation de ces difficultés doit permettre de reprendre le débat sur le tracé rive-droite.
Comme le suggèrent différentes associations et les commerçants, ne peut-on pas faire mieux et moins cher sur un tracé qui n’ait pas pour but principal de créer les embouteillages ? Il est encore possible d’aménager le tracé pour faciliter l’accès en transport en commun sans pour autant bloquer la ville.