C’est un toujours un triste moment que de commenter le budget de la Ville de Rouen.
C’est un moment presque désespérant car :
- On y constate chaque année que les propositions soumises au vote ne tiennent aucunement compte des recommandations formalisées lors du débat d’orientation budgétaire. En réalité, à quoi sert le débat, si ce n’est satisfaire l’obligation légale ?
- On y constate chaque année que la situation évolue comme on l’avait prédit l’année passée, avec un sens constant de la dégradation.
- On y constate enfin l’effacement de notre ville dans la Métropole.
- Et finalement on y voit le tragique destin du mandat en cours, qui a renoncé à toutes ses promesses, qui ne trouve pas d’issue à la situation de la Ville et qui la laisse mourir à petit feu sans pouvoir agir du fait de la situation budgétaire dans laquelle la majorité nous enferme.
Regardons nos dépenses de fonctionnement tout d’abord :
Les dépenses de personnel représentent plus de 60 % de nos dépenses de fonctionnement. Elles ne sont toujours pas maîtrisées et connaissent une hausse de 2 %, soit 1,7 M€ de plus. Sans compter que la Métropole sous-compense les compétences transférées, et que nous gardons plus de personnel que de ressources pour les payer. Les facteurs exogènes invoqués pour justifier cette hausse sont pour partie de la responsabilité politique de la majorité socialiste, qui a soutenu une politique gouvernementale demandant aux communes de faire les économies qu’elle ne réalisait pas au niveau national. Sur la question du personnel, le budget 2017 passe à côté des enjeux d’une mutualisation avec la Métropole puisque vous êtes en froid avec M. Sanchez. Nous n’avons toujours pas l’ombre d’un commencement de votre feuille de route sur la gestion des personnels, et ça nous manque, et ça manque aussi visiblement aux agents, qui y trouvent une source d’anxiété et d’arbitraire.
Sur le plan des frais financiers, il faut d’abord noter qu’ils représentent 6,2 M€, ce qui donne l’apparence d’être raisonnable (4,5 % de notre dépense de fonctionnement), mais cette illusion risque d’être vite dissipée par la remontée des taux. C’est à raison que vous provisionnez une part de cette remontée. Pour mémoire, les taux d’emprunt d’état se sont tendus de 0,5 points en janvier, et l’inflation allemande à plus de 1,9 % laisse entendre la poursuite rapide de cette remontée. Or, le problème, c’est que nous sommes dépendants à cette dette publique. Rappelons que la dette par habitant atteint 1654 € à Rouen contre 1176 € pour la moyenne de la strate (soit 40 % de +).
En réalité, comme la Mairie ne s’intéresse pas à la masse salariale et que la Métropole laisse des charges de fonctionnement rigides à la Ville, les seules vraies « économies » seront faites sur le dos des Rouennais, par exemple au travers d’une future baisse des subventions des associations.
S’agissant des recettes de fonctionnement :
Outre la diminution de la DGF, requise parce que le gouvernement n’a fait aucune des économies nécessaires sur le fonctionnement des services de l’Etat et même en fait le contraire, on constate :
- La belle augmentation des impôts locaux : + 7 % depuis le début du mandat en 2014, notamment du fait de la hausse inique décidée par vous l’année dernière
- La belle augmentation des droits de place : + 4 % / 2016, + 30 % depuis le début du mandat
- La belle augmentation des droits de stationnement + 3,6 % / 2016, + 22 % par rapport au début du mandat
Le budget de la Ville de Rouen est un budget de matraquage fiscal.
Malgré ce matraquage, nous ne dégagerions que 13,5 M€ d’autofinancement.
C’est moins que la dette à rembourser (17,4 ME) ! Ce phénomène avait déjà été constaté les dernières années, mais il s’accentue.
Nos dépenses d’intervention sont désormais inférieures à 19,4 M€, et les subventions versées à 4,7 M€. Ces dernières ne concernent que deux opérations d’aménagement et le rétablissement de Rouen Habitat. Pour mémoire, en 2009, les dépenses d’équipement s’élevaient à 58,3 ME.
La Ville doit se ressaisir. Nous devons:
- Renégocier avec la Métropole les charges de centralité
- Faire que la Métropole porte plus de projets utiles à la Ville. Nous n’avons pas besoin du palais administratif qui coûte deux fois le prix de bureaux classiques au m2. Mais nous avons besoin d’une piscine, qui n’est pas budgetée en l’état actuel.
- Donner une perspective aux agents et qui permette d’arrêter cette hausse non maîtrisée des charges de personnel
Ce budget n’est pas crédible, il enfonce la Ville et repousse encore un peu plus son redressement. C’est la raison pour laquelle, avec mes collègues de l’opposition, nous nous y sommes opposés.