J’ai la ferme impression que la campagne de l’entre deux tours a fait perdre à certains une part de leur rationalité. La lecture des réseaux sociaux interpelle et démontre que la gravité du moment n’est pas forcément perçue.
Bien sûr, chacun est libre de son choix pour le 7 mai. Mais quand même, il y a visiblement une épidémie de fièvre électorale chez certains déçus qui n’ont pas vu leur champion se qualifier:- Mme le Pen a de vraies chances de l’emporter. Se contenter d’appeler à ne pas voter Mme Le Pen est une prise de risque irresponsable, surtout de la part d’élus de la République. Il faut évidemment mettre un bulletin pour M. Macron dans l’urne si on refuse le projet de régression et de fermeture et de hargne de Mme le Pen.
– Le projet de M. Macron n’est pas la continuité de la politique de M. Hollande. Prétendre cela relève d’une mauvaise foi qui n’honore pas le débat démocratique. Bien sûr, les programmes de M. Fillon et de M. Macron n’étaient pas identiques, et les partisans de M. Fillon peuvent exprimer des nuances mêmes fortes. Mais les propositions de M. Macron dépassent clairement les antagonismes qui traversaient le parti socialiste entre modernes et frondeurs et qui ont rendu si inefficaces la politique de M. Hollande.
– Une « cohabitation » entre une présidence de M. Macron et une assemblée LR ou melenchoniste n’est évidemment pas une perspective souhaitable. La France n’a pas le loisir de perdre 5 ans et il faut sortir des lignes de fracture stériles qui traversent notre pays. Je comprends la situation difficile des partis, finalement tous perdants du 1er tour, mais l’intérêt de la France doit passer devant l’intérêt des partis et des « familles politiques » qui sont de moins en moins claires dans leur positionnement et de plus en plus tournées vers la préservation de leur propre existence. Il est logique que chaque parti cherche à maximiser son nombre de députés pour peser dans l’action à venir, mais ceux qui n’appartiennent pas aux extrêmes doivent travailler dans un esprit de « rassemblement », et non de « cohabitation », synonyme de confrontation au détriment des Français.
Les Français favorables à la réforme ont fait le choix de l’approche de M. Macron, plutôt que celle de M. Fillon. C’est l’enseignement du 1er tour. Mais les Français favorables à la réforme n’ont pas encore gagné l’élection. Ce sera l’enjeu du second tour. Cessons donc les caricatures et concentrons nous pour que cette élection présidentielle puis l’élection législative soient l’occasion de la vraie rénovation politique que les Français appellent incontestablement.