Retrouvez ci-dessous notre motion sur les rythmes scolaires, présentée en conseil municipal du 15/10.
En 2014, la Ville de Rouen a décidé d’appliquer sans délai la réforme des rythmes scolaires telle que souhaitée par le gouvernement de l’époque. Il s’agissait alors de décliner localement les décisions venues d’en haut, et de faire preuve de discipline politique quand la Maire élue en 2008 avait finalement choisie de se consacrer à une carrière nationale.
Certains parmi nous avaient déjà noté le caractère précipité de la mise en œuvre du nouveau temps scolaire.
Mais, chacun a dû apprendre à vivre avec cette nouvelle configuration. Les parents ont dû adapter leur emploi du temps, les associations ont tenté de limiter la casse quant à la désorganisation de leurs activités, les instituteurs ont été bousculés dans le fonctionnement de leur institution, et notre adjoint aux écoles a œuvré pour structurer ce qui pouvait l’être.
Comme cela a déjà été évoqué dans ce conseil, l’énergie dépensée semble bien grande au regard du résultat obtenu. Des financements publics considérables ont été mobilisés, les personnels recrutés par la Ville agissent dans des conditions difficiles (horaires décousus et de faible amplitude), et les activités proposées ont encore trop souvent vocation à occuper les enfants plutôt qu’à participer à une visée pédagogique.
Quant aux enfants, il n’est pas manifeste qu’ils aient beaucoup gagné en qualité d’apprentissage par rapport à la situation antérieure. Certes les enseignements sont plus concentrés le matin, mais le temps à l’école est désormais fort décousu et les enfants ne bénéficient plus d’un repos intermédiaire en semaine.
De toute manière, difficile d’y voir bien clair dans la mesure où il n’a pas été conduit de réelle évaluation de la mesure.
Mais, alors que la désorganisation semblait se résorber progressivement, voilà que le dossier se rouvre. En filigrane, la Ville n’a plus les moyens de financer le dispositif.
La Ville a donc lancé une consultation, pour savoir comment faire évoluer ses rythmes. Il est évidemment tout à fait indispensable de recueillir l’avis des parents, des enseignants, des experts, même si cela ne saurait remplacer une démarche sérieuse d’évaluation de la mise en œuvre de cette réforme précipitée. Une commission a été réunie pour accompagner ces travaux.
Toutefois, le Maire a pris la responsabilité de formaliser dans la foulée trois scénarios de temps scolaires. Le scénario A prévoit un maintien de l’organisation actuelle, avec un glissement de 30 minutes de temps scolaire en matinée. Le scénario B prévoit le retour à la semaine de 4 jours. Et le scénario C propose 5 matinée et 3 après-midi.
En premier lieu, il apparaît particulièrement inefficace et méprisant que ces scénarii n’aient pas fait, avant d’être formalisés et proposés aux votes des parents, l’objet d’un débat en conseil municipal, comme nous en avions retenu collectivement l’option. Comme en 2014, le Maire agit seul et ne s’en cache pas puisqu’il affirme par voix de presse « qu’il prendra une décision à l’automne 2018 ». Cette gouvernance, inspirée peut-être d’anciennes pratiques professionnelles et des dérives usuelles à la Métropole, n’amène rien de bon.
Car, si débat il y avait eu, on aurait pu alors discuter, avant de mettre le marché en main des parents, de sujets cruciaux :
- Quelle évolution des contenus proposés aux enfants pour le temps périscolaire selon les scénarii ?
- Quelle compatibilité des organisation proposées avec les contraintes professionnelles des parents ?
- Quelles conséquences financières pour le budget communal des différents scénarii ?
Surtout, on aurait pu aborder le sujet essentiel notamment dans le cadre du scénario B : quelle structuration et quel fonctionnement de l’offre en centre de loisirs, qui était et qui reste une véritable problématique sur Rouen ? Voulons-nous laisser les parents se débrouiller seuls avec les prestataires privés, ou sommes-nous capables de proposer une offre collective ?
Ce débat, il n’est pas trop tard pour l’avoir même si le Maire semble avoir des idées plutôt arrêtées.
Dès lors, notre motion demande :
- que les études et synthèses ayant servi à alimenter la réflexion, soient communiquées aux conseillers municipaux
- que le conseil débatte du ou des scénarios pertinents de réaménagement des rythmes
- que l’ensemble du conseil municipal soit informé des projections financières associées aux scénarios, sous réserve qu’elles aient été produites, et à défaut que ces projections soient produites
- qu’une réflexion soit menée sans délai en conseil municipal sur la réforme de l’accueil en centre de loisirs : ajustement des moyens consécutivement à la nouvelle réforme des rythmes, équipements, répartition sur la ville, effectifs, modalités d’inscription…